mardi 22 novembre 2011

Re-volution

Un long silence entre Maspero et ce message; il y a eu des pyramides, des tombes d'enfants-rois, des felouques nubiennes, et des nuits dans le désert entre-temps. Mais l'heure n'est plus à folâtrer entre les coraux et les poissons du Sinaï; trois jours déjà de re-révolution sur Tahrir.


Quelques photos prises du balcon de Julien et Benjamin (gracieusement fournies par Julien), juste en face du musée Egyptien.


Il faut dire que de révolution, point n'en a-t-on vu jusqu'à maintenant. Depuis février dernier, le seul réel changement a été Tantawi (Ministre de la Défense pendant 20 ans) au lieu de Moubarak, avec Sharaf en premier ministre pour la forme.  Mais les rênes du gouvernement, comme du temps de l'ancien régime, sont tenues par le Conseil Suprême des Forces Armées. Les lois de la corruption et de la bureaucratie suivent leur cours, les violations des droits de l'homme aussi. Mais depuis neuf mois, c'est officiellement que l'armée dirige le pays. Si on ne savait pas bien qui était responsable de toute la violence et des injustices de la part des forces publiques auparavant, à présent l'horizon est plus clair. Et si aux jours de janvier 2011, la foule criait de joie sur Tahrir en voyant arriver les tanks de l'armée pour les protéger des gas et des balles de la police, c'est désormais une autre histoire.


C'est comme ça que vendredi dernier, tous les partis politiques ont appelé à un grand rassemblement pour demander la passation de pouvoir du Conseil Suprême à des civils. Le slogan "Le peuple veut la chute du régime" est très vite devenu "Le peuple veut la chute du maréchal" [Tantawi]. Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est la brume qui entoure la date des élections présidentielles: elles doivent se tenir quelque part entre mai et juin, mais aucune date précise n'est fixée. C'est tout ce qu'ils savent et ça n'a pas l'air de suffire.



Vendredi a vu les manifestations se dérouler tranquillement sur Tahrir; et c'est samedi que ça a explosé. C'est assez souvent comme ça, d'ailleurs: ça pète quand on ne l´attend pas. Depuis, c'est gas lacrymo et cocktails molotov à peu près tous les soirs; on est maintenant à trente-trois morts officiellement.


Deux lignes d'hommes se forment dans toutes les rues qui donnent sur la place: une pour fouiller, une pour vérifier les papiers.

Ca va et ça vient, suivant la motivation de la police pour les faire reculer. Quelques fois ils se mettent à courir tout d'un coup, et un quart d'heure après ils refluent vers la place.



Quoiqu'il en soit, l'heure, c'est l'heure; et la prière, on en a besoin en ce moment. Tout le monde en rang d'oignons, à peu près face à la Mecque, alors que de petits groupes déboulent en courant depuis la place, et advienne que pourra.

Un cocktail Molotov raté qui a été balancé sur les premiers rangs. Un gars est revenu deux minutes après pour l'envoyer d'un coup de pied, mais il s'est brûlé. C'est un aperçu seulement de ce qui se passe sur Tahrir; on garde le contact. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire